Grandiose et bouleversante, l’Ethiopie, c’est l’Afrique de tous les superlatifs, celle qui se brise dans le grand Rift, avec des églises monolithes qui défient l’entendement, des obélisques et des châteaux forts surgis du passé, des processions religieuses inébranlables, des marchés bourdonnants, des gens, des vieux, des enfants, du bruit, des sourires, des marges du monde aussi, loin, plus loin, entre déserts de sel accablés et confins de fleuves improbables, où tout voyage se fait périple, coupe le souffle et devient initiatique. Début novembre 2011, on atterrit à Addis Abeba. On descend tout d’abord dans le sud, dans la vallée de l’Omo, à la rencontre des tribus du sud éthiopien. Les Hamers, Mursis, Karos, Surma, Bume, Galeba, Bodis…des peuples tous plus fascinants et magnifiques les uns que les autres. Un voyage palpitant, troublant, déconcertant par moments, dans une Afrique comme rêvée, comme un imaginaire prenant forme et s’embrasant là sous nos yeux et en nous. On remonte ensuite vers le nord, à se perdre dans le monde médiéval et taillé dans la pierre de Lalibela, à longer cette limite floue et pourtant tracée entre le passé et le présent, prenant part à de frappantes cérémonies chrétiennes restées inchangées depuis des centaines d’années. On finit notre voyage en se dirigeant vers l’est, en territoire afar. Nous sommes à Harar, forteresse musulmane enclavée dans l’est de la très chrétienne Ethiopie : cité irréductible, fière de son histoire, éloignée de tout, dans l’espace, mais aussi dans le temps, tant elle semble figée dans une époque irréelle.
Photo Pascal Mannaerts
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